En mai 2019, dans l'enthousiasme partagé du comité de rédaction avec les auteurs et autrices des articles, paraissait le septième numéro de la Revue en ligne du Conservatoire de Paris, laquelle allait bientôt plonger dans une sombre nuit de mutisme largement due à la pandémie de Covid19 désormais tristement célèbre : cet élan brisé à la parution régulière des numéros de la Revue impose un long retard à la publication du numéro 8... que voici aujourd'hui, et il y a tout lieu de s'en réjouir !

Peut-on s'empêcher en effet de percevoir dans ce délai contraint une coïncidence bien réconfortante qui amène, en des temps pour le moins bousculés où le propos mensonger ou trompeur s'érige parfois en dogme, à publier la recherche de quelques « irréductibles » dont le verbe et la réflexion s'appuient – obstinément – sur des sources ou des expériments avérés, authentiques, ouverts aux échanges vivifiants, à tous les débats contradictoires, pourvu qu'ils soient eux aussi étayés ?

C'est ici de parole dont il est question puisque le thème longuement muri par le comité de rédaction pour ce numéro 8 est Langage(s), sujet intrinsèquement attaché à l'art, incitant à l'expression l'ensemble de la communauté de l'établissement. Heureux choix puisque la récolte in fine dépasse toute espérance : près d'une vingtaine de contributrices et contributeurs ont perçu en eux l'appel de la proposition pour offrir un regard pluriel autant que personnel sur les multiples acceptions du terme, sémantiques ou non : langage(s) de l’interprète danseur, musicien ou ingénieur du son, langage(s) du compositeur, du chorégraphe, du notateur ou de l’improvisateur, langage(s) du pédagogue, théorie du langage, narrativité... Comme au sein de précédents numéros de la Revue, l'étonnement poindra à la perception de résonances d'un article à l'autre relevant pourtant de
disciplines artistiques différentes.

Un immense merci à toutes celles et ceux qui ont cette fois encore patiemment contribué à la
réalisation de ce numéro 8 et apporté leur concours à la résurgence de la Revue en ligne du
Conservatoire : lectrices et lecteurs pourront faire le constat qu'en dépit du temps long entre
l'écriture et la publication des articles, la pertinence du propos n'a pas perdu une once d'actualité, belle occasion à nouveau de se réjouir, et longue vie à la Revue !

Philippe Brandeis, directeur honoraire des études musicales et de la recherche