Éditeur scientifique : Louis Vigneron https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2546 Index des publications de Éditeur scientifique Louis Vigneron fr 0 Langages éloignés https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=3021 Enseigner la diction lyrique d’une langue place la question des langages au cœur de la pratique du chant : un langage en particulier devient l’objet d’étude à transmettre, tandis que le langage du professeur devient un vecteur de transmission, s’efforçant de créer une passerelle entre la langue étrangère enseignée et la « langue artistique » chantée. Petit à petit, un langage commun s'établit entre l’élève et le professeur. Sans prétendre mener une recherche approfondie sur ce sujet, le présent article propose de rendre compte d’un an d’expérience d’enseignement du chant à distance. Avant de passer en revue les conséquences de l’enseignement à distance de la langue russe chantée sur le langage déployé entre professeur et élève, il est nécessaire de préciser les contours de notre travail : tout d'abord, enseigner la diction lyrique nécessite de travailler séparément le linguistique, l'artistique et l'instrumental, puis de donner à ces éléments un aboutissement musical. Nous rappelons ensuite que les mots langue et langage ne sont pas synonymes : le langage se définit comme la capacité à exprimer et à communiquer sa pensée, tandis que la langue se définit comme l'outil développé à cette fin de communication. C’est l'aptitude commune au langage qui permet l'apprentissage, par le recours à des signaux visuels, gestuels et auditifs. Dans ce contexte, le langage musical nous semble le meilleur moyen d’accéder à la maîtrise d'une langue étrangère. Nous nous interrogerons en particulier sur l'influence de l'enseignement à distance sur le langage utilisé entre professeur et élève : interférence du langage informatique, démultiplication des canaux d’information, constitution d’une communauté apprenante, morcellement des corps, modification des signaux visuels et auditifs, structuration du discours entre rationnel et émotionnel, constitution d’une « intelligence collective »... La situation inédite d’enseignement que nous avons vécue pendant un an nous rappelle l’importance primordiale du langage, servant à communiquer et à exprimer notre pensée. Teaching the lyrical diction of a foreign language puts the question of languages at the heart of the practice. A particular language becomes the object of study, while the teacher’s language is a vector of transmission since he strives to create a bridge between the foreign and the artistic language. Little by little, a common language is created between the student and the teacher. Without claiming to conduct research on the subject, this article proposes to report on a year’s experience of distance teaching. Before reviewing the influences of distance learning on the teaching of sung Russian, it is necessary to specify two things. Firstly, teaching lyrical diction requires working on three aspects separately: linguistic, artistic, instrumental, and then focusing them on a musical outcome. Second, language is the human capacity to express and communicate thought, while different languages are the tools developed collectively for this purpose. Our common ability to use language allows us to learn. The use of visual and auditive cues is essential and the musical language allows to access to a foreign language. So, how the distance learning interfered with the language between teacher and students? We notice five main influences: interference of computer language, multiplication of information channels and constitution of a learning community, fragmentation of bodies and modification of visual and auditive signs, sharing between rational and emotional content, creation of a collective knowledge. Finally, the unprecedented teaching situation of this year reminds us of the primordial importance of language: our ability to communicate and to express our thoughts. lun., 13 janv. 2025 14:36:50 +0100 lun., 13 janv. 2025 15:40:03 +0100 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=3021 L’édition des Suites pour violoncelle de Bach par Friedrich Grützmacher https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2990 Bien qu’on attribue la renaissance des Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach à Pablo Casals, celles-ci ont été omniprésentes dans la formation des violoncellistes du XIXe siècle. Depuis la première édition publiée en 1824 par Louis Norblin, professeur de violoncelle au Conservatoire de Paris, sous le titre de Six Sonates ou Études, les Suites furent constamment rééditées par divers interprètes de toute l’Europe. La fidélité aux sources et la notion d’Urtext n’étant pas ancrées dans les esprits du XIXe siècle, les Suites se virent quelques peu arrangées, remaniées voir complètement défigurées. Friedrich Grützmacher en livre sa propre édition en 1866. Considérée comme une vieillerie presque comique de nos jours en raison de la multitude d’indications qui noircissent la partition et surtout de la réécriture fréquente de la musique même, cette version est totalement tombée dans l’oubli. Avec ses indications de phrasé ou de tempo, ses ajouts de nuances, d’accords, de voix, ses nouvelles modulations et même ses transpositions, l’édition de Grützmacher semble à l’opposé de notre notion actuelle d’authenticité, alors que le violoncelliste prétendait justement rendre service à l’œuvre. Pourtant, loin d’être une simple folie arbitraire, cette édition a beaucoup à nous apprendre. Que ce soit à propos des habitudes interprétatives d’une époque, de la réception de la musique ancienne ou de l’amour cultivé pour Bach, la version des Suites de Grützmacher est une mine d’or qu’il convient d’exploiter pour réinterroger nos pratiques actuelles. Although Pablo Casals is credited with the revival of Johann Sebastian Bach’s Cello Suites, they were ubiquitous in the formation of 19th century cellists. Since the first edition published in 1824 by Louis Norblin, professor of cello at the Conservatoire de Paris, under the title of Six Sonates ou Études, the Suites have been constantly reissued by various performers from all over Europe. Fidelity to sources and the notion of Urtext not being anchored in the minds of the 19th century, the Suites saw themselves somewhat arranged, reworked or even completely disfigured. Friedrich Grützmacher publishes his edition in 1866. Considered an almost comical old fashion nowadays because of the multitude of indications that blacken the score and especially the music itself which is often rewritten, this version has totally fallen into oblivion. With its indications of phrasing or tempo, its additions of nuances, chords, vocals, new modulations and even transpositions, the edition of Grützmacher seems to be the opposite of our current notion of authenticity whereas the cellist rightly claimed to be of service to the work. Yet far from being a mere arbitrary madness, this edition has a lot to teach us. Whether it is about the interpretive habits of an era, the reception of early music or the love cultivated for Bach, the version of Grützmacher’s Suites is a gold mine that should be exploited to re-examine our current practices. mer., 06 nov. 2024 10:02:02 +0100 lun., 13 janv. 2025 13:32:19 +0100 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2990 Originalité et création musicale https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2730 Comment le droit d’auteur définit-il l’individualité artistique ? Quel est le sens de la composition et de l’invention esthétique dans le langage de la propriété intellectuelle ? Si le rôle premier du droit est d’assurer aux auteurs reconnaissance morale et sécurité matérielle, c’est également l’un des lieux où se construit la représentation de l’activité compositionnelle. À cet égard, la matière juridique offre un point de vue riche et singulier sur les évolutions, les débats et les concepts qui traversent le champ de la création musicale. Comment, en effet, produire des normes, des définitions et des régularités à propos de pratiques dont tout l'objectif consiste à se réinventer et se redéfinir à intervalles réguliers ? Parfois dérouté, souvent pragmatique, le juge suit à la trace les innovations artistiques et les controverses esthétiques. En nous appuyant sur l’actualité jurisprudentielle et sur des éléments de doctrine, nous tenterons de cerner les principaux enjeux d’une définition de l’invention musicale par le texte juridique, occasion d'élaborer quelques outils théoriques face à une question encore plus vertigineuse : qu’est-ce qu’une idée musicale et d’où vient-elle ? How does copyright define artistic individuality? What is composition, aesthetic invention, in the language of intellectual property? If the primary role of law is to provide authors with moral recognition and material security, it is also one of the places where the representation of compositional activity is constructed. In this regard, the legal matter offers a rich and unique point of view on the evolutions, the debates and the concepts which deal with the musical creation. How indeed to produce norms, definitions and regularities in connection with practices whose whole game consists in reinventing and redefining itself at regular intervals? Sometimes confused, often pragmatic, the judge pays most attention to artistic innovations and aesthetic controversies. By relying on current case law and elements of doctrine, we will thus attempt to identify the main issues of a musical invention definition by the legal text. We will finally take the opportunity to build up some theoretical tools regarding an even more dizzying question: what is a musical idea and where does it come from? jeu., 23 mai 2024 11:24:35 +0200 mar., 16 juil. 2024 15:30:01 +0200 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2730 La métaphore comme horizon fluide dans l’invention du sujet musicien https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2696 Je propose ici une vision du musicien en tant qu’individu pris dans une quête subjective, opérant au sein des différents langages de la musique et cherchant à générer des images sonores porteuses de nouvelles formes de sens. Dans un premier temps, prenant comme idée centrale le caractère essentiellement métaphorique de la communication humaine, j’explorerai ces types de procédés dans le domaine du langage pour ensuite les amener vers les sciences cognitives et la musique. Ensuite, m’appuyant sur des écrits scientifiques, philosophiques et littéraires, je créerai un lien entre la métaphore, vue en tant que création d’images, et une « quête de soi » philosophique, qui aurait son équivalent dans la configuration biologique de notre cerveau et l’émergence de notre conscience. Enfin, considérant la musique comme expérience et pratique complexe comportant de multiples processus métaphoriques, je proposerai d’envisager l’invention musicale comme exercice d’« auto-création », où le musicien, en tant que sujet actif, cherche avec son travail à créer des chaînes de métaphores pointant vers un horizon de sens en flux continu. I suggest the idea of the musician as an individual on a subjective quest, working with the different languages of music and aiming at generating sound-images carrying new forms of meaning. First, based on the central idea of the metaphoric character of human communication, I explore some of these procedures of spoken language and link them to the domains of cognitive science and music. Secondly, based on scientific, philosophic and literary writings, I connect the idea of metaphor seen as the creation of images and a self-discovery philosophical process with the biological configuration of our brain as well with the emergence of consciousness. Finally, taking musical experience and performance as complex experiences in which metaphors are imbedded, I suggest thinking music-making as an exercise in « self-invention », and the musician as an active subject who, through his work, tries to create chains of metaphors tending towards a horizon of ever-changing meaning. ven., 26 avril 2024 16:22:15 +0200 lun., 23 sept. 2024 14:06:42 +0200 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2696 Le Moment musical D 780 op. 94 n° 6 en la bémol majeur de Franz Schubert https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2693 Cet article est le fruit d’une collaboration croisant la didactique du piano et les sciences de l’éducation de la musique. À partir des concepts de milieu didactique (Brousseau, 1998 ; Margolinas, 1998) et de transposition didactique (Verret, 1975 ; Chevallard, 1991 ; Terrien, 2014), plusieurs paradigmes sous-tendent le texte : théorie de l’action conjointe en didactique (Sensevy et Mercier, 2007 ; Batézat-Batellier, 2013), neurosciences appliquées au mouvement (Berthoz, 2013), médecine du musicien (Chamagne, 1995). À partir de quelques extraits du Moment musical D 780 op. 94 n° 6 en la bémol majeur de Schubert, l’article s’attachera à montrer l’intérêt à penser le geste et le mouvement dans le temps pédagogique du cours à partir de la notion de milieu. Il pourra en outre trouver un prolongement dans des observations de séquences d’apprentissage, montrant les adaptations singulières de l’élève aux gestes pianistiques et les transactions didactiques qui l’accompagnent. This article is the result of a collaboration between piano didactics and the sciences of music education. Arising from the concepts of didactic environment (Brousseau, 1998; Margolinas, 1998) and didactic transposition (Verret, 1975; Chevallard, 1991; Terrien, 2014), several paradigms underlie the text: theory of joint action in didactic (Sensevy and Mercier, 2007; Batézat-Batellier, 2013), neurosciences applied to movement (Berthoz, 2013), musician medicine (Chamagne, 1995). The article will attempt to illustrate, through extracts from Schubert’s Moment musical D 780 op. 94 no. 6 in A flat major, the interest in thinking about gesture and movement in the course’s pedagogical time, in the context of the concept of environment. It may be extended in observations of learning sequences, showing the student’s singular adaptations to pianistic gestures and the didactic transactions that accompany it. ven., 26 avril 2024 14:48:57 +0200 ven., 15 nov. 2024 11:00:50 +0100 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2693 « Une liberté qui n’existait pas dans mon propre langage » https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2677 Benjamin Britten, compositeur « typiquement anglais » ? C’est ce que les commentateurs de son œuvre ont fréquemment retenu comme axe analytique de son langage musical. L’étude de ses cycles de mélodies en langue française – Quatre Chansons françaises (1928), les Illuminations (1939) et les French Folk Song Arrangements (1942) – permet pourtant de proposer d’autres lectures. L’éventail des emprunts (pastiche, citation, arrangement, etc.) à un langage littéraire et musical français servent des objectifs divers au cours de la carrière du compositeur. L’utilisation d’un langage exogène, d’abord méthode d’apprentissage de la composition par la copie pendant la formation, devient le lieu du renouvellement de l’inspiration musicale à la maturité. Le détournement d’une langue « nationale » est enfin érigé en un procédé commercial qui tient une place singulière dans l’architecture des concerts donnés par le compositeur. Benjamin Britten, a “typically British” composer? That is how many critics have qualified and analysed his musical language. The study of his French song cycles – Quatre Chansons françaises (1928), the Illuminations and the French Folk Song Arrangements (1942) – allows for other readings. The wide range of borrowings (pastiche, quotation, arrangement, etc.) to the French literary and musical language are means to diverse goals throughout the composer’s carrier. The use of an exogenous language, first employed as a learning method during the formative years then became a way to renew the musical inspiration during maturity. The repurposing of a « national » language was finally erected as a marketing strategy that held a particular place in the architecture of the composer’s concerts. ven., 05 avril 2024 13:57:07 +0200 lun., 23 sept. 2024 14:26:08 +0200 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2677 Musiques microtonales pour guitare https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2629 Les musiques microtonales pour guitare nécessitent des modifications de l’instrument et de son jeu. L’espace des hauteurs est alors l’objet de multiples expériences. Après une introduction aux quelques dispositifs permettant de jouer des micro-intervalles à la guitare, cet article présente plus précisément des pièces pour guitare en douzièmes et seizièmes de ton de Pascale Criton. Playing microtonal music on the guitar requires modifying the instrument itself, as well as rethinking the way the instrument is played. Many experiments have been conducted in order to extend the available pitch field. Following an introduction to some of the preparations used in order to play microintervals on the guitar, this article presents guitar pieces composed by Pascale Criton in greater detail. ven., 15 mars 2024 16:54:50 +0100 lun., 14 oct. 2024 14:37:11 +0200 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2629 Le vivant et le technique https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2568 Dans la continuité de mon travail de compositeur-chercheur dans le cadre du doctorat SACRe, cet article écrit en 2021 se propose d’explorer les éléments de langage qui constituent autant d’enjeux structurels dans ma pièce Technotope, pour saxophone baryton et dispositif électronique seize canaux. En partant de la notion d’incalculabilité du vivant, et en considération des éléments d’indétermination contrôlée au niveau rythmique et au niveau formel, je propose d’adopter une méthode d’analyse comparant les rapports de durées de trois versions de la pièce, sur le plan rythmique et sur le plan formel. La démonstration présentera les notions d’objet sonore polymorphique (ou « ouvert »), de pseudo-isochronie, de contours de durées et de structure en éventail, et aura pour objectif de vérifier, du matériau à la structure, la multistabilité temporelle et la polystabilité interprétative de la pièce. In the continuity of my work as a composer-researcher within the framework of the SACRe doctorate, this article written in 2021 proposes to explore the elements of language that constitute so many structural issues in my work Technotope, for baritone saxophone and sixteen-channel electronics. Starting from the notion of incalculability of the living, and considering elements of controlled indeterminacy at the rhythmic and formal levels, I propose to adopt a method of analysis comparing the duration ratios of three versions of the piece, both on rhythm and form. The demonstration will present the notions of polymorphic (or ‘open’) sound object, pseudo-isochrony, duration contour and « hand fan » structure, and will aim to verify, from the material to the structure, the temporal multistability and the interpretative polystability of the piece. mar., 05 mars 2024 12:21:34 +0100 mar., 05 nov. 2024 10:54:23 +0100 https://larevue.conservatoiredeparis.fr:443/index.php/news/outil/lodel/docannexe/image/1941/index.php?id=2568